Le Conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert exprime sa plus vive condamnation des déclarations du vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, le NVA, Jan Jambon, par lesquelles il cherche à excuser ceux qui ont collaboré avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale
A l’initiative de l’ancien bourgmestre et chef de groupe de la majorité, Georges Désir, le Conseil communal a adopté une motion par laquelle il a condamné les déclarations du nouveau ministre de l’intérieur, le NVA Jan Jambon, qui, lors d’une interview à La Libre Belgique le 13 octobre dernier, avait tenu des propos inacceptables pour tenter de justifier la collaboration avec le régime nazi au cours de la Seconde Guerre mondiale.
- Ces propos scandaleux ont d’ailleurs amené Madame Lily de Gerlache- Van Oost à élever une vive protestation dans les colonnes du même quotidien.
Rappelons que Madame de Gerlache, déportée et rescapée du camp de Ravensbrück, a toujours honoré de sa présence fidèle les cérémonies patriotiques à Woluwe-Saint-Lambert et, plus particulièrement, la cérémonie du 8 mai, organisée à l’initiative de Monique Louis, échevine de l’enseignement, avec la participation des écoles communales et de l’athénée royal.
Nous citons un extrait de cette réplique cinglante de Madame de Gerlache au ministre NVA Jan Jambon :
« J’ai le devoir absolu de m’insurger, jusqu’à mon dernier souffle, car j’ai connu la guerre. La collaboration, c’était aussi un crime, parce qu’on trahissait son pays. Il faut que les jeunes connaissent l’histoire. Il faut mettre en garde contre les racismes intégrés dans certains partis politiques. Il faut rappeler le passé, refuser toute forme d’oubli, d’amnésie et d’amnistie. Il faut oser aller à contre-courant, au nom des valeurs humanistes ».
Lors de son intervention au Conseil communal, Georges Désir, ancien volontaire de guerre, a rappelé, non sans émotion, ce qu’ont vécu et subi les populations lors des deux guerres mondiales du 20ème siècle.
Lorsque Monsieur Jambon ose affirmer que les collaborateurs avaient leurs raisons, il oublie que des femmes et des hommes ont été arrêtés, torturés, déportés et exterminés au nom des prétendues raisons invoquées pour justifier la collaboration.
Certes, la main doit être tendue à ceux qui se sont sincèrement repentis mais il ne peut y avoir aucune complaisance à l’égard de ceux qui, malgré les leçons de l’Histoire, cherchent encore à justifier l’inacceptable.
Voilà pourquoi le Conseil communal a adopté, à une très large majorité de ses membres, cette motion.
Extrait de la motion
Rien ne justifie la collaboration
– Considérant l’émoi au sein de la population belge, suscité par les déclarations du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, le NVA, Jan JAMBON, qui, cherchait à excuser ceux qui avaient collaboré avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale (La Libre Belgique 13.10.14), de telles déclarations sont une grave atteinte à la mémoire de tous les citoyens, quelles que soient leur langue ou leurs origines, qui ont résisté au régime nazi, l’ont combattu ou en ont été victimes.
– Aucune circonstance particulière ne peut justifier la collaboration, même passive, avec le régime nazi,
Il convient de rappeler qu’en Flandre, ceux qui ont résisté à l’ennemi firent preuve d’un courage exemplaire car ils devaient de surcroit affronter un puissant courant du mouvement nationaliste flamand qui avait rallié, par idéologie, le régime nazi.
– La participation d’un ministre régional flamand et d’un secrétaire d’Etat du Gouvernement belge, à l’anniversaire d’un ancien membre d’un mouvement de jeunesse ayant collaboré avec le régime nazi, par ailleurs fondateur d’une milice d’extrême droite nationaliste flamande (VMO), responsable de graves actes de violence, notamment dans la périphérie bruxelloise et aux Fourons, n’est pas acceptable. Milice qui a été condamnée par la justice pénale et dissoute. Il convient de rappeler que Jacques GEORGIN est décédé à la suite des coups d’une rare violence qu’il a subis de la part de membres de cette milice.
Les propos racistes de membres du gouvernement sont inadmissibles
– Les propos ouvertement racistes du secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration, Theo FRANKEN, stigmatisant gravement les populations issues des communautés maghrébines et africaines, ne sont pas non plus admissibles.
– La présence de représentants de la NVA, parti d’extrême droite, au sein du Gouvernement fédéral représente une menace pour l’avenir même de notre pays.
Par l’adoption de cette motion, le Conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert
– Exprime sa plus vive condamnation des propos et agissements des dirigeants de la NVA, plus particulièrement du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jan JAMBON et du secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration, Theo FRANCKEN ;
– Regrette que des partis démocratiques aient, par le jeu des alliances, conduit un parti d’extrême droite à exercer des responsabilités au plus haut niveau de l’Etat et invite ces partis démocratiques à la vigilance.
– Demande au Collège de refuser toute présence de représentants NVA aux divers gouvernements lors de cérémonies officielles organisées par la commune ou des autorités dépendant de la commune (zone de police, CPAS, …). Demande à toute autorité publique organisant un événement à Woluwe-Saint-Lambert de ne pas y associer des représentants de la NVA ;
– Demande au Collège de rappeler lors des cérémonies patriotiques que les faits de collaboration en temps de guerre sont injustifiables, et charge les directions des écoles communales qui organisent, depuis plusieurs années, la visite du Fort de Breendonk pour les élèves des classes terminales du primaire, de rappeler le contexte historique permettant de comprendre la gravité de la collaboration et son caractère injustifiable.
Demande au Collège d’informer les autorités régionales, communautaires et fédérales de la teneur de la présente motion.
Téléchargez le texte complet de la motion en annexe.