Les parcs et espaces verts sont soumis à une hausse de fréquentation depuis le début de la crise sanitaire qui entraine des dégradations, notamment en termes de préservation de la biodiversité. Le Collège de Woluwe-Saint-Lambert demande aux autorités régionales des moyens supplémentaires et efficaces pour veiller à la préservation de ces espaces verts.
Le média Bruzz faisait état dans un article paru en mars 2021 du déclin de la biodiversité au sein des parcs et forêts bruxellois depuis que l’épidémie du coronavirus. Un architecte paysagiste de Bruxelles Environnement y reconnaît qu’avec le coronavirus, tous les loisirs sont désormais concentrés dans les parcs.
Le confinement, l’interdiction de nombreux loisirs et activités, l’impossibilité de voyager ont, en effet, entrainés une fréquentation beaucoup plus grande des parcs et des espaces verts, surtout en zone urbaine.
Une dégradation qui s’accélère depuis la crise sanitaire
La commune de Woluwe-Saint-Lambert partage ce constat. La hausse de la fréquentation des espaces verts de la commune a entrainé une dégradation du tapis végétal ainsi que des lisières naturelles existantes Parmi les lieux concernés, principalement la vallée de la Woluwe, dont le parc des Sources, certaines zones du parc Malou ainsi que la peupleraie d’Hof ter Musschen.
Plusieurs habitants, soucieux de l’environnement, s’en sont d’ailleurs inquiétés auprès de la commune.
La commune comprend bien entendu le besoin légitime de la population de profiter des espaces verts publics, notamment les enfants et les jeunes (construire des cabanes, faire du vélo, grimper aux arbres…).
Mais l’équilibre entre activités humaines et préservation de l’environnement est délicat, le Collège a contacté Bruxelles Environnement et le ministre de l’Environnement, M. Alain Maron, pour faire part de son inquiétude face à cette situation.
Le plan de gestion des espaces verts Natura 2000 de la vallée de la Woluwe doit encore être adopté par la Région
La vallée de la Woluwe est située en zone Natura 2000. Un plan de gestion des espaces verts doit certes être prochainement adopté par la Région conformément à l’arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxellois du 14 avril 2016. Mais la commune craint qu’en attendant l’adoption de ce plan (qui fera l’objet d’une consultation publique) et la mise en œuvre des mesures contenues dans celui-ci, les espaces verts ne subissent des dégradations supplémentaires, peut-être irréversibles.
La commune, en tant que propriétaire d’une partie de ces espaces verts, a déjà pris plusieurs initiatives pour renforcer le contrôle et la protection de ces zones.
- Une sensibilisation du public, par rapport aux enjeux environnementaux, est réalisée par les gardiens de la pax dont la présence a été renforcée ;
- Des dispositifs ont été placés (clôtures) pour empêcher, notamment, la pratique du VTT en certains lieux. Par contre elle a veillé à aménager un site dédié à cette pratique sportive au sein du stade Fallon.
- Les équipes de la propreté publique ont été renforcées pour assurer le bon entretien des plaines de jeux et des parcs communaux.
La commune craint toutefois que les moyens mis en place demeurent insuffisants sans aide des autorités régionales.
Des réponses à court terme limitées en raison du statut juridique de ces espaces verts
Certaines zones de la promenade de la Woluwe étant classées et « site Natura 2000 », l’installation de dispositifs
ancrés dans le sol et tout autre type d’aménagement requièrent le respect de procédures longues (études d’incidences environnementales, obtention de permis d’urbanisme, obtention de l’avis favorable de la Direction des Monuments et des Sites, si le site est classé, et de Bruxelles Environnement – déjà gestionnaire de la Woluwe – car la zone est Natura 2000, obtention des subsides,…)
Le statut juridique du parc laisse donc peu de marge de manœuvre aux autorités communales pour agir rapidement en-dehors de toute autorisation préalable de diverses instances régionales.
En outre, certaines mesures nécessitent des budgets et des moyens humains importants, comme par exemple le recours à des agents spécialisés afin de compléter l’action de contrôle et de sensibilisation des gardiens de la paix qui ne peuvent consacrer leur travail exclusivement aux espaces verts.
Le Collège des bourgmestre et échevins de Woluwe-Saint-Lambert, à l’initiative du bourgmestre Olivier Maingain, de Philippe Jaquemyns, échevin de la gestion de l’espace public et des espaces verts, et de Gregory Matgen, échevin de l’environnement, demande donc aux autorités régionales de :
- Consulter rapidement les 19 communes bruxelloises afin de dresser un état de lieux des problèmes rencontrés au sein des parcs communaux ;
- Simplifier les procédures (ex. : dispense de permis ou possibilité de régularisation a posteriori) afin d’autoriser les communes à mettre rapidement des dispositifs en place pour protéger certaines zones sensibles ;
- Créer un fonds de sauvegarde des espaces verts afin d’aider les communes à investir dans la protection de leurs espaces verts suite à la crise sanitaire. Les communes pourraient solliciter ce budget à l’instar de ce qui a été mis en place par la Région pour soutenir les investissements des communes dans leurs infrastructures sportives notamment (plan triennal d’investissement des infrastructures sportives)
- Permettre aux gardes de Bruxelles Environnement de surveiller et de contrôler les agissements au sein des espaces verts communaux situés à proximité immédiate des espaces verts régionaux ;
- Soutenir la création de nouveaux espaces verts accessibles au public en Région bruxelloises et de mener une réflexion sur la nécessité de préserver certains terrains privés de toute construction immobilière en raison de leur valeur biologique et du rôle que ces terrains jouent pour la biodiversité locale soumise à une pression grandissante.
Le Collège plaide enfin pour qu’à terme, la Région reprenne la gestion des espaces verts classés de la vallée de la Woluwe. Il serait cohérent que l’autorité chargée de l’élaboration du plan de gestion de ces espaces verts soit dans l’obligation de le mettre en œuvre. Qui plus est, la situation géographique de certains parcs, comme par exemple le parc des Sources, situé au cœur de la vallée de la Woluwe et en lisière de la promenade verte régionale, (deux lieux déjà gérés par Bruxelles-Environnement) justifierait pleinement cette mesure.