Le mot du Bourgmestre Olivier Maingain
La démocratie bafouée
Une nouvelle fois, le gouvernement flamand aura piétiné le suffrage universel dans trois communes de la périphérie bruxelloise. Tout démocrate, quelles que soient sa langue ou ses convictions, ne peut qu’éprouver un sentiment de dégoût à la suite d’un tel déni de démocratie.
Les candidats bourgmestres de ces trois communes sont plébiscités par leurs électeurs, comme peu de bourgmestres le sont en Flandre ou dans le reste du pays. Ils ne le seraient d’ailleurs pas s’ils ne respectaient tous leurs concitoyens, sans distinction. Ils veillent à l’application stricte de la loi fédérale qui veut que chaque citoyen reçoive ses documents administratifs dans la langue de son choix, soit le français, soit le néerlandais. Cette application correcte de la loi n’a jamais suscité la moindre contestation pendant plus de 40 ans.
Les difficultés sont nées des funestes circulaires d’un ministre socialiste flamand, M. Peeters, appuyé par tout le gouvernement flamand de l’époque. Tous les ministres flamands des affaires intérieures ont confirmé ces circulaires et les ont même parfois aggravées. Ainsi, le ministre VLD, M. Keulen, annonçait que le régime des facilités en périphérie bruxelloise était appelé à disparaître. Preuve s’il en est que le nationalisme flamand n’est pas l’apanage de la seule NVA. Depuis plus de 6 ans, trois communes de ce royaume ne sont pas dirigées par le bourgmestre choisi par la majorité des conseillers communaux. Le Conseil de l’Europe s’en est ému, des observateurs européens et étrangers condamnent cette atteinte au suffrage universel.
Rien n’y fait. Le gouvernement flamand persiste dans sa conception nationaliste du droit du sol.
Le respect de chacun
Telle n’est évidemment pas notre conception de la gestion publique. Il est remarquable qu’à Woluwe-Saint-Lambert, c’est une échevine francophone, Mme Monique Louis-Halkim, qui est chargée des relations avec la communauté flamande et le nouvel échevin néerlandophone, M. Xavier Liénart, des relations avec les francophones de la périphérie bruxelloise.
L’administration est au service des citoyens et non l’inverse. Rien n’est plus vexatoire que de demander à un citoyen de venir avec son interprète pour être compris par un service public. C’est une mesquinerie sans nom. Permettre à chacun d’être accueilli dans sa langue est une règle élémentaire de courtoisie.
Dans notre commune, les agents communaux sont encouragés à pratiquer d’autres langues que les langues nationales. Nous avons tout autant besoin de bilingues français-anglais, français-allemand ou encore néerlandais-espagnol. Les agents communaux reçoivent une prime s’ils maitrisent une autre langue que les langues nationales.
Les nationalismes menacent l’avenir de l’Europe. La chance de Bruxelles est de s’inscrire dans la vision généreuse d’une Europe plurilingue. Il faut donc ouvrir largement l’éventail des connaissances linguistiques et dépasser le carcan du seul bilinguisme français-néerlandais ou néerlandais-français.
Par son discours du Nouvel An, le Roi faisait une mise en garde courageuse. Il nous invitait à refuser tous les replis et égoïsmes. Son discours était dérangeant pour tous ceux qui ont mauvaise conscience lorsqu’ils sont confrontés à la réalité des périodes sombres de l’Histoire.
Raison de plus pour que notre vigilance démocratique ne soit pas prise en défaut.
Votre bourgmestre,
Olivier Maingain