Echo du conseil communal
Interrogé au conseil communal du 7 septembre, Gregory Matgen, échevin de la mobilité a eu l’occasion d’expliquer plus en détails les raisons des nouveaux marquages réalisés avenue de Broqueville ainsi que sur une partie de l’avenue Paul Hymans. Voici sa réponse:
Gregory Matgen : « L’axe de Broqueville-Paul Hymans est une artère historique de la commune qui a marqué l’urbanisation de celle-ci. On ne peut donc être indifférent à son sort surtout lorsque celle-ci subit des changements, des évolutions.
Je tiens également à préciser qu’il serait regrettable de réduire le débat à une confrontation entre automobilistes et cyclistes. Il est certain qu’il n’est pas envisageable d’imaginer une ville sans voiture.
Pour certaines personnes, il n’existe pas d’autres choix que d’utiliser la voiture. Il convient toutefois de ne pas ignorer l’attrait grandissant pour l’usage du vélo en ville.
Les chiffres de la rentrée indiquent une augmentation de 75% de cyclistes sur les routes bruxelloises la première semaine de septembre 2020 par rapport à la même semaine de l’année passée. Alors qu’en même temps, on constate une diminution de près de 10 % du nombre de voitures pour la même période. Il faut voir maintenant si cette tendance va se confirmer dans le temps.
On tend en tout cas de plus en plus vers une utilisation diversifiée des moyens de déplacement existants. De nombreuses personnes se posent désormais la question du type de transport auquel elles vont recourir en fonction du trajet à réaliser, ce qui les amène à choisir entre la voiture, la marche à pied, le vélo mais aussi des modes de transport plus récents comme la trottinette.
Il convient dès lors de promouvoir en matière de mobilité, la multi-modalité ainsi que l’intermodalité, qui implique une combinaison de différents modes de transports pour effectuer un même trajet.
Ces nouveaux comportements impliquent une adaptation urbanistique des villes afin d’assurer un meilleur partage de l’espace public pour ces différents types de transport, en gardant à l’esprit que la voiture constitue toujours pour l’instant le mode de transport privilégié, mais en offrant en même temps plus de sécurité aux personnes qui optent pour un autre mode de déplacement, qui plus est moins polluant.
Nous n’allons pas faire ici le débat sur l’opportunité de chaque choix posés par la Région en matière de mobilité sur l’ensemble du territoire bruxellois, ni sur l’impact économique de ces transformations du paysage urbanistique de la Ville, ça serait je pense, accorder trop d’importance au fait d’avoir ajouté une ligne blanche tout le long de l’avenue de Broqueville, qui, si elle constitue un axe de pénétration important dans notre commune, n’accueille pas les flux principaux de navetteurs qui se rendent au travail dans le centre de Bruxelles.
Qui plus est, si le débat est intéressant, il convient de se rendre compte que la Région bruxelloise ne fait qu’appliquer des mesures qui s’inscrivent dans une tendance générale au sein des grandes villes européennes, et pas seulement des villes du nord de l’Europe mais aussi des villes comme Milan, pourtant cœur économique de l’Italie, Barcelone, Madrid.
En revanche, pour revenir à l’axe de Broqueville-Paul Hymans, nous pouvons, en effet, nous interroger sur la manière de procéder de la Région.
Celle-ci est demeurée sourde à nos multiples demandes d’améliorer la sécurité et le caractère paysager de l’axe de Broqueville-Paul Hymans. Vous n’êtes pas sans savoir que depuis de très nombreuses années, la commune dénonce auprès des autorités régionales les risques que la configuration actuelle de l’avenue de Broqueville et l’avenue Paul Hymans comportent pour les usagers faibles.
Je pense en particulier aux piétons. Il n’y a pas une année je crois sans qu’un conseiller communal porte ce débat devant le conseil communal.
Entre 2018 et 2020, la police a dénombré 52 accidents avec une forte concentration de ceux-ci sur le tronçon situé entre Gribaumont et Tomberg. A titre de comparaison sur l’axe de Broqueville-Paul Hymans, aucun accident n’a été recensé pendant le mois d’avril, en plein confinement, mais on en a dénombré 7 au mois de juin.
Je rappelle d’ailleurs qu’en 2013, le conseil communal adoptait le plan communal de mobilité qui préconisait pour réduire la vitesse et les risques d’accidents sur l’avenue de Broqueville de limiter celle-ci à une bande de circulation et de créer une piste cyclable. Une étude de sécurisation des traversées piétonnes conduit au rétrécissement de la voirie à l’approche de ces traversées.
Vu le nombre de traversées piétonnes existantes avenue de Broqueville, les rétrécissements seraient trop nombreux et il en résulte qu’il est préférable de réduire la largeur de la voirie sur toute la longueur de l’axe.
Or, si la piste cyclable a été créée, la bande de voirie est restée, de par l’absence de marquages supplémentaires, particulièrement larges (près de 5 m alors qu’à titre de comparaison chaque bande du Boulevard de la Woluwe fait 2,75m). Cela permet des dépassements particulièrement dangereux lorsqu’ils s’opèrent au niveau des passages piétons.
La seule solution proposée par le Ministre de la Mobilité de l’époque, Pascal Smet, était de placer des potelets tout au long de la piste cyclable rendant le stationnement impossible… La commune a bien entendu refusé cette proposition.
On ne peut donc que regretter le timing de cette mesure visant à mieux assurer le respect du Code de la route. Il aurait été certainement plus intéressant de ne pas attendre le COVID pour faire évoluer les choses. Nous aurions aujourd’hui eu plus de recul pour évaluer les effets bénéfiques et, le cas échéant, négatifs de cette mesure.
Le Collège s’est, en outre, étonné de l’annonce de la Ministre régionale de la Mobilité, Madame Elke Van den Brandt, faite avant le début de l’été, visant à créer 40km de nouvelles pistes cyclables alors que rien n’était prévu pour sécuriser des pistes déjà existantes comme de Broqueville ou pour terminer des tronçons oubliés comme celui du Boulevard de la Woluwe, entre Vandervelde et Hippocrate, et celui du Boulevard Brand Whitlock.
Une incohérence que le Collège n’a pas manqué de faire savoir à la Ministre bruxelloise de la Mobilité ainsi qu’à Bruxelles Mobilité, si l’on veut encourager les cyclistes à utiliser ces axes de manière sécurisée, et lorsque l’on sait que le plan régional de mobilité qualifie ces axes de « réseau PLUS » le plus haut niveau de priorité pour les vélos.
Nous regrettons également le fait que la Région ne permette pas un réaménagement plus ambitieux de l’axe de Broqueville, alors que des plans élaborés par la commune et Bruxelles Mobilité existent et que la commune propose comme solution, tenant compte des contraintes budgétaires de la Région, d’y consacrer les subsides sécurité routière qu’elle a l’occasion d’obtenir chaque année.
Nous regrettons enfin que Bruxelles Mobilité ne communique pas plus explicitement auprès des riverains sur les mesures adoptées, et que c’est finalement la commune qui doit combler ce manque d’information.
Néanmoins, il convient également de saluer le fait que suite à notre courrier adressé à la Ministre, celle-ci s’est engagée à faire examiner nos demandes par Bruxelles-Mobilité et que celles-ci ont été suivies avec attention par son cabinet qui n’a pas manqué d’associer la zone de police à la réflexion.
Nous avons eu l’occasion de leur rappeler le contenu de l’avis rendu par la commune lors de l’enquête publique organisée pour le plan régional de mobilité « Good Move » qui reprend notamment les conclusions du plan communal de mobilité.
En ce qui concerne l’avenue de Broqueville, il s’agit malheureusement, comme j’ai pu vous l’expliquer, d’un axe sur lequel des accidents (le rond-point avec les avenues Roi Chevalier et Gribaumont est un exemple frappant), impliquant notamment des piétons, sont fréquents. La dangerosité de cet axe est d’ailleurs connue de longue date par les services techniques régionaux qui n’ont d’ailleurs pas manqué de la prendre en exemple dans des brochures de sécurité routière éditée notamment en collaboration avec l’IBSR (devenu VIAS).
Sur cet axe où la vitesse autorisée est de 50km/h :
– Les traversées piétonnes sont particulièrement longues, et souvent même manquantes lorsqu’il faut traverser les voiries perpendiculaires
– Hormis, entre Solleveld et Verveloesem, la voirie est constituée d’une bande de chaque côté, mais cette bande est tellement large qu’elle permet aisément des dépassements.
– L’absence d’aménagement au niveau des carrefours facilite le stationnement irrégulier
Les cyclistes et les piétons sont donc mis en danger par le manque de visibilité à certains carrefours (en raison du stationnement irrégulier) ainsi que par la vitesse et les dépassements pratiqués par certains automobilistes.
Les nouveaux marquages au sol vont donc dans le sens d’une amélioration de l’infrastructure et de la sécurité routière sur les voiries régionales traversant le territoire de Woluwe-Saint-Lambert.
Lors de la consultation citoyenne organisée en vue de l’adoption de la Charte communale du développement durable, la demande d’améliorer la sécurité des cyclistes et des piétons, et de veiller à prévoir des pistes cyclables sécurisées est d’ailleurs revenue très souvent.
C’est ce qui est ressorti également de la consultation citoyenne organisée à l’échelle régionale pour le plan « Good Move ».
Pour conclure, si la Région s’est engagée à évaluer les nouveaux marquages réalisés, la commune n’a pas, pour autant, renoncé à réclamer un réaménagement plus ambitieux de l’axe de Broqueville-Hymans, sans oublier non plus Vandervelde. Il est notamment demandé à la Région de réaliser des oreilles de trottoirs et de trottoirs « traversants » au niveau des voiries perpendiculaires. Il s’agit de créer de la sorte un « effet de portes » destiné à dissuader le trafic de transit dans les quartiers avoisinants, à réduire la vitesse des automobilistes qui entrent dans une zone 30, et à permettre des traversées plus courtes et plus sécurisées pour les piétons. »