Dans le cadre de la commémoration du 8 Mai, le Collège des bourgmestre et échevins a honoré deux résistantes en procédant à l’inauguration de l’allée qui portera désormais leurs noms. Elle est située aux abords immédiats de la Maison communale.
Adrienne GOMMERS est née en mars 1920. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint le groupe « Les amis de Charles », affilié au Réseau Zéro, et devient la première femme à diriger un secteur et à recruter ses propres agents. Elle est arrêtée en juillet 1941, déportée à Hambourg, où elle attend son procès pendant un an, puis condamnée et déportée au camp de concentration de Ravensbrück.
Au sortir de la guerre, elle reprend ses études de philologie à l’Université catholique de Louvain et obtient un diplôme d’agrégation. Elle obtient ensuite un doctorat ès lettres à la Sorbonne et un diplôme de médecine. Elle s’oriente ensuite vers la gérontologie et dirige, dès 1974, l’unité des sciences hospitalières de l’Ecole de santé publique de l’Université catholique de Louvain. A sa mort, elle lègue ses biens à l’U.C.L. et au CPAS de Woluwe-Saint-Pierre afin que son action en faveur des personnes âgées soit poursuivie.
Anne-Marie van OOST-de GERLACHE, dite Lily de GERLACHE, est née en octobre 1923. Quand la guerre éclate, le château familial est réquisitionné par l’armée allemande. Elle s’engage auprès de la Croix-Rouge en tant qu’ambulancière pour aider les blessés et héberge des enfants de prisonniers au château, sans se soucier des soldats allemands. En 1943, elle rejoint les rangs de l’Armée secrète. A vélo, elle accomplit des missions de messagère et de transport d’armes. Son action s’intensifie suite à l’annonce, le 1er juin 1944, par Radio-Londres, de l’imminence du débarquement.
Elle est arrêtée le 28 juillet 1944 et déportée à Ravensbrück où elle demeurera huit longs mois.
Les 23 et 24 avril 1945, la Croix-Rouge obtient la libération de 1.500 personnes prisonnières à Ravensbrück dont Adrienne GOMMERS et Lily de GERLACHE. En rendant hommage à ces deux résistantes au parcours unique et en aménageant un parterre de roses « Résurrection », à l’entrée de la nouvelle allée, du nom de cette rose plantée par les survivantes de Ravensbrück en souvenir de leurs sœurs décédées dans ce camp d’extermination du régime nazi, le Collège des bourgmestre et échevins entend poursuivre son inlassable investissement dans le devoir de mémoire.
Extrait du discours du bourgmestre :
Elles en ont livré un ultime message à un âge avancé, lorsqu’elles ont dit l’une et l’autre ce qu’elles avaient eu à cœur de réaliser au cours de leur vie. Âgée de 85 ans, la professeure Adrienne GOMMERS, adresse à l’U.C.L., en 2005, un courrier pour expliquer le legs à la Fondation Saint-Luc : La qualité de l’aide « ne peut se contenter d’être palliative (càd. compenser les déficiences « en faisant à la place de ») mais doit mettre en valeur les compétences et les possibilités restantes, soutenir les efforts et redonner le sentiment de rester acteur de sa vie ». Quant à Lily de GERLACHE, à 91 ans, dans un ultime entretien à la Libre Belgique en 2014, elle dit avec force : « Alors que je suis à la fin de ma vie, j’ai envie de dire et de redire merci à toutes celles avec qui j’ai vécu cet enfer car j’ai appris à y vivre courageusement et fraternellement. » M’étant rendu, en 2015, avec la famille de Mme de GERLACHE, à la cérémonie commémorative du 70e anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück, j’ai ressenti, au plus profond de moi-même, ce que signifie la fraternité des femmes de Ravensbrück. Au cours d’une cérémonie émouvante, des femmes venues de pays de l’Europe centrale et orientale, mais aussi de France, de Belgique, et d’autres pays aujourd’hui membres de l’Union européenne, des survivantes, se retrouvaient dans une inébranlable complicité pour rappeler que leur volonté collective l’avait emporté sur la force la plus brutale de l’horreur.
Prenez connaissance du discours d’Olivier Maingain